lundi, septembre 07, 2020

De ta voix berceuse et de ton corps nid chaud, tu arrives a me poser confiante dans les bras de l'aube à naître, sans me laisser sentir la déchirure de ton départ, endormie. Sur la pointe des ailes, tu t'en vas et je reste lovée inconsciente dans tes plumes, jusqu'au soleil. 

J'ouvre des yeux déjà brillants de lumière, me laisse tomber des altitudes, dans les vertiges sans peur de la promesse de ton retour.

lundi, août 24, 2020

Dans la douceur de nos nuits éveillées, léchée par la lumière tremblante du feu, bordée par celle, blanche, de la lune, je joue avec tes mains, avec nos ombres plutôt que de dormir comme une grande personne, en essayant de me souvenir d'où je connais depuis toujours, étranger. 

J'ai ton souvenir sur le bout de la langue, j'en cherche l'essence dans ton odeur et dans les chemins mystérieux que tracent tes doigts, pendant que tes lèvres chuchotent a ma peau qu'elles la connaissent, sans dire d'où.


 



mardi, août 04, 2020

Je veux apprivoiser les vides, ceux de mes pieds qui pendent des falaises cul de sac, de mes bras qui serrent des absents qui ferment les yeux de plaisir, de mes entrailles de guerre dévastées où il n'y a même plus d'échos... voler, trouver la substance du rien, mesurer l'amplitude du silence. Je veux me poser hautaine sur l'absence, en faire un royaume où perdre la matière de mes ambitions, me déshabiller de ma peau, régner sur l'absolue solitude, détachée, jusqu'à la blancheur du néant, jusqu'à devenir particule élémentaire, un fragment d'invisible.

Et peut-être après quelques éternitées étendues, je choisirai de me vaporiser, de m'étendre sur le corps des poussières qui transportent la lumière, de dormir avec elles, paisible, sur un courant d'air jusqu'à la soif de petites choses douces, un début de quelque chose qui compte et qui ne blesse pas, du chaud, du soleil, jusqu'à me reconstituer en goutte de moi.

Et un jour, je me poserai sur le monde, en déluge.

mercredi, juillet 22, 2020

Après, je me suis habillée sans retrouver mon corps
j'ai couvert le vide, les restes, de tissu éponge, engourdie
reposé doucement les coquerelles sur ton lit rouge
perdu un jour la robe chez le nettoyeur.

Asynchrone.

Ce qui pouvait exister de moi en attendant 
que tu te finisses et m'achève vivante, 
c'est mon exil dans une faille pale
à côté de l'araignée de ton plafond felé, ailleurs.
c'est mon corps drap blanc, froissé sous toi.

Je suis parasitée des impressions
de tes pattes d'insecte sur mes poignets figés
de ton souffle invasif, de ton visage tordu,
de ton effort rythmique pour m'oublier.

Quand je suis revenue de là où personne n'existe
je me suis relevée, même si je n'étais pas sur le livide.

Je sens encore ta progéniture grouillante
entre ma peau et les mains
de ceux qui m'aiment.

lundi, juillet 06, 2020

Nous sommes les restes, la cire sèche,
les économies de bouts de chandelles
que d'autres n'ont pas brûlées entières.

J'ai moulé mon corps combustible
en enfant de la rue, en fille aux allumettes,
et pour me chauffer dehors, libre,
je brûle, fragile, pour sentir mes doigts.

Tu trouve ça mignon, le feu, tu veux prendre
me fondre jusqu'au centre,
brûler mon corps par les deux bouts
me souffler bougie d'anniversaire
tuer encore les flammes qui dansent,

tout pour tes vœux, mon corps ton présent
pour le plaisir, mais juste le tien, superficiel.
Tu profanes le feu sacré des guerrières
allumé sur les braises de nos villages pillés,
ceux ou nous avons appris l'amour et la rage
et que nous gardons ensemble, solidaires.

Brule.

mardi, juin 02, 2020

Je voudrais me glisser, nue, guèrrière,
hors de l’armure froide qui me tient ensemble
sentir la matière, les angles de mes contours fragiles
poser ma puissance, dormir gardée comme si j’étais
aussi vulnérable que je le suis.

Colle-moi dans les fractures qui menacent
Serre-moi comme une seconde peau
Tiens-moi doucement le corps brisé
Que je puisse me battre encore.
demain, après la nuit.

jeudi, mai 28, 2020

Les liens noués par tes mains

slow, m'imposent la lenteur.

Mon eau perle, ruisselle.

Tu me serres et je glisse ailleurs.



Il pleut des cordes.

vendredi, mai 22, 2020

Tu avais 4 ans, grand maman. C'est en cherchant les bras de ta mère pour te réconforter de cette foule de funérailles que tu as dû comprendre, du fond de ton petit cœur, toute la cruauté de la mort, de l'absence pour toujours. Ta mère était la, mais ne pouvait plus te prendre. Ses bras existaient toujours, vidés de la vie, de la douceur, dans un coffre. Tu étais seule. Et elle ne viendrait pas plus tard.

On t'as dit qu'il ne fallait pas pleurer.

Et ce que tu me racontes encore, c'est ton refus de porter le noir de l'époque, le deuil. Menaces et force; personne n'a pu t'empêcher, ma petite grand mère, de porter ta robe jaune soleil, celle que ta maman avait fait pour toi, pendant 3 mois, et de faire virevolter ses volants dans les rires et la lumière. On ne voulait pas que tu pleures, mais on ne voulait pas que tu ries non plus. Tu as été joie, tu as fait éclater le sinistre. Soixante quatorze ans plus tard, tes jours fatigués ont doublés ceux de ta jeune maman, et tu continues à aimer celle qui t'as manqué tout ce temps, que tu as aimée toute ta vie dans l'absence, celle qui ne t'as pas vu devenir, dans ton t-shirt badass jaune.

Je suis plus grande et j'ai vu d'autres disparitions, grand maman, mais aujourd'hui, après avoir couru jusqu'à la nausée pour oublier une absence,  j'ai pensé a ta robe jaune et j'ai voulu être comme toi, habitée de la force toute frondeuse de l'enfant matriarche, et mettre des rubans et des rires aux habits austères des pertes.

Mais je dois te dire que ma main continue de chercher la sienne chaque fois que j'oublie qu'il n'est plus la pour voir naître l'été avec moi, chaque fois que la vie s'infiltre dans la trace de son âme moulée sur la mienne, juste un instant, avant d'être frappé par le réel.  Mon cœur oublie la mort devant chaque beauté que j'aimerais qu'il goûte, chaque vers que je voudrais qu'il entende, puis je me souviens brutalement que la route est effondrée et que son odeur est effacée. L'absence habite la joie, et j'apprivoise. Juste un garçon. Juste quelques mois. Et pourtant.

Je me rappelle, grand maman, de cette fois où tu as pris mon visage humide de jeune adulte effondrée dans tes mains. Tu m'as dit, les traits fermes et la voix dure, de ne pas pleurer pour de l'amour. C'était un ordre, mais tes yeux brillaient trop. Tu as pleuré l'amour de l'intérieur, je le sais, souvent, même en bâtissant l'avenir. Je sais qu'auprès de ta petite fille, tu te voyais mère que tu n'as pas eu, et mère pour moi, celle que je n'avais pas. Nous avons tout inventés entre un rire et un emporté pièce de pâte sucrée. L'amour ne pleurait pas.

Aujourd'hui, j'ai mis cette mèche qui frise comme la tienne derrière mon oreille, et ma plus belle robe soleil. J'ai noué un ruban de dentelle à mon cou, et je me rappelé la légèreté infinie d'être en terrain connu dans l'âme douce guerrière de quelqu'un d'autre. Des frontières de la solitude effacées. De sa main lorsqu'elle était habitée. Il me manque, grand maman, même après quelques lunes. J'ai mis ma robe soleil et j'ai porté le vent qui jouait avec elle.

J'ai pensé a toi aussi. J'ai pensé a l'amour de tout ceux qui restent. À tout ce qui abonde. J'ai pensé a l'avenir.

J'ai pensé que les rubans près de mon cou seraient toujours un peu pour ce qui reste de lui en moi, comme tes étoffes ocre.

J'ai pensé à toi en moi. À ta mère. À toutes les femmes avant elles, à toutes celles qui ont survécu aux absences, et qui ont aimé et bâti jusqu'à moi. À ce que je porte d'elles et de toi dans mes traits, sans robe ni rubans. À ces absences habités. À la mort. À ce qui continue. À la vie. Surtout, a la vie. Je n'ai pas pleuré, grand maman.

Je n'ai pas pleuré. J'étais portée par la force de toutes celles qui se sont tenue debout, la main de ton arrière petite fille dans la mienne, et un bouquet de pissenlits jaunes dans l'autre.

jeudi, mai 21, 2020

Je me suis laissée être porcelaine pour tes mains assoiffées de faience. J'ai pleuré aux éclats mon corps fragile, échappé.

Il y a une fissure aux bordures de tes empreintes, que je remplirai d'or doux pour continuer d'exister.

Je suis, depuis un millénaire, belle de ce qui aurait pu te couper au sang. Je repeindrai mes morceaux coupants, fêlés, fusionnerai jusqu'à la douceur. Brisée et entière. Vulnérable. Invincible.

Kintsugi.

vendredi, mai 08, 2020

Au milieu de nos débris, il reste une chose que je ne peux pas briser : le silence. Il est plein, sacré, comme celui d'un monastère, comme celui d'un territoire sinistré sur lequel on se recueille.


mercredi, mai 06, 2020

J'ai pris le bain des amours aqueux
remplis moi même la baignoire salée
pour mieux sentir le courant, sa décharge.

J'ai joué avec l'axphysie entre les bulles des fluides
les yeux ouverts, souriante, avalant la tasse,
fascinée par la peau de ses doigts frippés

La mienne a brulé mouillée jusqu'aux muscles
et j'ai séché d'air, de langues données au chat.
Les tissus pelucheux, le doux, m'écorchent encore.

Mais sur mes quatre pattes de chatte échaudée
je reste frondeuse propriétaire de toutes les ruelles
et le regarde de l'altitude hautaine de mes toits

au travers les fenêtre sans rideau,
en électrocuter d'autres que moi.

lundi, avril 20, 2020

Nous allons vers le solstice derrière
nos fenêtres arc-en-cielées,
ces vitres qui nous scellent hermétiques et
comme des prématurés incubés
les effleurement passent à côté.

On ne se respire plus.

Près de ma fenêtre, un pot brisé
par le poids de sa terre fertile.
Rien ne pousse, tout est poussière et le reste.
L'eau salée qui roule du blanc des mes yeux
jusqu'aux rebords du pot des vies qui refusent
n'aide rien du tout.

Mais juste en haut, les bougeons
explosent seuls comme du popcorn
sur le toit oublié où j'ai osé croire il y a longtemps
que le confinement des racines, la sécheresse, le gel,
n'auraient pas raison du vulnérable, du solide
de la beauté des choses qui perssistent à renaitre.

Je m’émerveillerai de chaque pousse verte.
Je les respirerai toutes
une par une
jusqu'à ce que chaque feuille reprenne
le droit de verdir son territoire
et moi le mien de m'inventer encore
sur un fond de greenscreen de feuilles qui tremblent
où tout ce qui est doux est possible.

Rien ne pourra empêcher le printemps de fondre
sur nous.

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samedi, mars 21, 2020

L’ordre du monde qu’on ne reconnait plus,
pandémie.
T’as du reprendre le tablier de ta grand-mère et, à distance
tu portes aussi les temps modernes,
et tout tire, menace de déchirer,
comme d'habitude.

Etre une femme comme d'autres précaires, encore,
responsable du désordre
alors que tout est à l’envers,
tes cheveux, la pièce, la planète.
Des ordres, désordres, et toi en dessous pour tout porter
sur tes épaules, les plus p’tits, les gens importants, toute,
responsable d'aimer à toi seule,
ce qu'on devrait aimer ensemble.

Nous sommes confinées,
bien au delà des quarantaine,
nous sommes, depuis des siècles
en feu,
nous qui n’avons pas brulé
au temps de l’inquisition, et pourtant,
on ne tient pas nos torches pour le changer le monde,
non. Non.
On torche ceux qui salissent,
sorcières aux balais brisés.
On ramasse pour ceux qui prennent tout
sans déranger l’ordre des choses.
On époussète gentiement, jusqu'à s'épuiser,
la cendre sur une planète en feu.

Et il faudra quand même ramasser, d'une main,
et de l'autre, tenir nos enfants
et de l'autre, alimenter le brasier.
Et ne pas craquer.
Et sourire. Gentiement.

Les mèches en désordre, la rage qui chauffe, je lancerai
la serviette au visage de ceux
qui se suffisent du monde d’avant.

Et avec les autres, on fera autre chose.
Ensemble.
6e jour de quarantaine. Le ciel gris se vide. Respirer creux.

On retiens notre souffle devant les failles, en s'inquiétant pour ceux qu'on ne peut tenir dans nos bras, pour ceux dont on connaît l'odeur, pour tous les autres. Le temps donne la conscience du superflu, de la peau des autres qui manque, de notre interconnexion, sans possibilité d'oubli.

Les humanités s'ouvrent, se ferment, souvent, se bloquent, comme le mouvement d'un grand poumon malade. S'ouvrent.

Se ferment comme le chemin Roxham.
S'ouvrent comme un sac de farine a ma porte.
Se ferment.

Le ciel lui, donne, coule.

samedi, septembre 07, 2019

Tes genoux douloureux dans les morceaux coupants de ta vie
prends moi verre éclaté dans tes mains coulantes
colle moi avec tes autres couleurs qui laissent passer la lumière
brisée et coupante.

Aime nous de tes doigts meurtris
fais nous vitrail sacré choisis de tes jours expirés
scène d'avenir posée sur les fenêtres d'une église

Au travers tes larmes, travaille moi, ou jette moi
objet de ta coupure, de tes sacres.

La lumière passera, ou elle passera.



mercredi, août 28, 2019

Je respire et
regarde mon coeur empalé
sur les battements inégaux du sien,
mon corps manquant le rythme
de ses retraits réguliers
et je respire.

Je respire et
rien ne marque plus le temps brisé
que les chiens en laisse qui grondent
je les ai attaché moi même avec ses cordes
pendant qu'il partant sans s’effacer
et je respire.

Je respire et
j'inspire saccadée et
sanglots et
j'inspire, ne sais plus comment
et j'inspire
et j'inspire,
j'inspire.


...et j’expire pour lui, 
comme prévu.

mardi, août 20, 2019

Tu coules dans la sève de mes racines
te concentres dans les anneaux près de mon coeur,
m'irrigue d'un amour biocompatible.

Tu fais pousser mes feuilles
pour les poser en couvertures sur l'horreur du monde,
pour purifier ce qu'on respire et qui nous tue.

Je t'aime de toute la vie qui me traverse
de tous les oiseaux qui chantent sur mes branches
de tous les chiens qui dorment dans mon ombre.

vendredi, juillet 26, 2019

Doucement

La brise souffle karcher inconsciente sur ma peau blanche brulée
concentre les perles de rouge qui me quittent
pour mourir sur mes clavicules, bouillonnantes, évaporées.

Elle porte autour les odeurs d'une fragile chair grillée
qui ouvre les appétits, et qui m'appartient,
Les mains tendues vers moi tiennent des ustensiles

Je voudrais que le vent m’achève, me prenne, me pose
sur le velour des pétales des fleurs nordiques
pour fusionner un moi recroquevillé poussière
avec les rosées nées de l'aube des jours les plus longs
jusqu'à ce que je coule, amniotique, le long des tiges
avant les gelées foetales, avant l'hiver immobile
dans la douceur la plus intrinsèque qui puisse exister.




vendredi, juin 28, 2019

Noie moi dans ton amour amniotique. Force tes courants libérés dans ma gorge. Aime moi comme un ciel noir qui s'apprête à noyer la ville.


samedi, juin 15, 2019

Montagnes kirghizes

Toutes les montagnes russes me possèdent,
m'étourdissent, me frappent la barre dans le ventre
up and down sur les rails.

Elles me prennent dans leur beauté brutale,
Altyn Arashan le souffle court
m'épuisent, me font manquer d'air sur mes pieds.

Le son heureux des fêtes foraines ensemble
gâché du cliquetis de mes mécaniques brisées
avalanche ton amour sur mes fragilités

J'ai raté mon acclimatation a dormir trop haut
et maintenant je vomis sur celui que j'aime
toute mon altitude sickness

Je suis perdue dans les montagnes blanches
et le contrôleur n’arrête pas le manège
pour que je le retrouve, lui, et de quoi respirer.

vendredi, mai 10, 2019

Les monstres rodent dans leurs habits d'hommes
les cafards ayant pris possession de leur chairs secrètes
et ils me regardent, me convoitent comme un pays à dévaster
leurs regards mielleux dépouillent, percent, mangent, tuent
mais je suis une cité forgée imprenable, ils coulent
sur les murs de ma peau, me blessent sans m'atteindre au centre
et je me replombe les trippes avec des mines rageuses
de crayon qui explosent.

samedi, mai 04, 2019

Vomir tout ce qui blesse, les étoiles brûlantes de mon ventre
la gorge en cloques, incendier les restes au karcher sur le béton
pour regarder debout les flammes de ma douleur, l'essence, 
et frissonner du feu dans lequel j'avance intacte, guerrière

puis poser le genou, les armes, la tête sur une épaule
baisser mon regard conscrit qui coule, enfumé,
fondre, abdiquer, changer de nature.

me consumer jusqu'à la fin de l'oxygène, jusqu'à plus rien
me laisser être un petit tas de cendre de chiens 
qui réapprendra à voler plus haut que les flammes
poussières portée par le Zéphyr, sauvages.


vendredi, mai 03, 2019

J'écoute tes mots, les genoux repliés entre mes bras,
comme lorsqu'on était des petits humains doux, 
assise sur ton lit simple d'asile vide, 
où tes contentions t'attendent comme seules caresses.

Ici rien pour te prendre ni te pendre,
juste de quoi hurler et pourtant
je t'implore de crier sans bruit, de t'emmurer vivant 
pour qu'ils t'ouvre au moins les verrous, les portes.

Tu ne peux pas vider l'espace de tes cris,
taire ton passé décomposé, ton futur pas simples
te retrouver seul dans ta chambre vide sécurisée
avec tes démons, et rien pour te serrer. 

Je me sauve par la porte des sains d'esprits 
mes pas au rythme de mon cœur qui pompe la haine.
et je t'abandonne sur fond de tes cris, 
à un sourire forcé de me décomposer.








jeudi, mai 02, 2019

Mon corps gèle, mes nerfs brûlent.
Mes mains seules et jointes feignent pieuses
le sens de mes yeux fermés.

Je vous prie de me déliver
du mal, du bruit des pas dans ma tête
métronome jusqu'au bout du long couloir.

Je veux l'odeur de vos cloîtres
la chasteté de vos silence
et vos poussières qui se balancent paisibles dans la lumière

pour lancer sur vos murs blancs une larme
de rasoir rouge mouillée.

lundi, avril 29, 2019

Je n'ai pas le désirs des mains aux empreintes usées de corps, des yeux vides qui répondent aux exigences mécaniques, des masques de plaisir chorégraphié, des sons préenregistrés dans les bouches essouflées de sidequests, de ces pacotilles plastiques en série, que tout le monde cherche comme si elles étaient précieuses,

et qui pleuvent sur moi, me trempent, me gèlent.

J'ai envie de lécher les miettes d'éternité perdues sur le blanc de tes poignets, de te laisser effleurer les échardes mon âme dénudée et de cueillir mes frissons sur tes lèvres crues. Je veux te nouer lâchement autour de moi comme un foulard, te laisser libre de m'enlacer, ou de t'envoler.

vendredi, avril 19, 2019

Ancres moi, que je te revienne comme un bateau
en suivant le fil d'algues fines que nous tissons solide
des rythmes de nos doigts qui s'enlacent et se laissent.

Attache moi, noue à mes poignets fragiles
les cordes longues de ma liberté narvale
jusqu'aux profondeurs de ton univers de fer et de sel.

Laisse moi partir, ratisser les dessus dessous de mes mers
exister remuée de tempêtes dans mes dérives choisies
pour mieux te revenir, me retrouver dans nos abysses.

Possèdes moi dans ces territoires d'ombres
où nous sommes lumière.


samedi, avril 13, 2019

La glace fend, les eaux coulent sur nos terres à nu, la vie verte enfonce l’air profane, où tout est neuf. La douleur pulse ma renaissance pendant que tu me fores à la mèche.

Je suis ton arbre, à l’aube du printemps.

Ma sève me frissonne les nuits gelées, tu la recueilles le jour, me porte à tes lèvres. Je m’évapore, me concentre. Je continue d’exister enracinée dans mes terres ensevelies, mes fugaces bourgeons touchant au ciel, pendant que tu me bois chaude et ailleurs.

Tu m’étires, me bats à pâlir, des litres de mon essence dans tes territoires inaccessibles, mon odeur sur le bout de ta langue, avec ces mots qu’on ne dira pas. Je suis ici, seule, forte de l’esprit de ma forêt éclaircie, capable de donner jusqu’à ce que tu t’en ailles aussi, à la fin du printemps.

Je suis de la vieille écorce. Je me souviens. Le printemps me coule. Tu as l’odeur de ses mains fripées, sans ses vestes à carreaux. Tu as la douceur périlleuse de ses silences de poète. Je ne sais plus qui me manque.

Je fond en larmes ambrées sur la neige.

Les enfants rient.

jeudi, mars 21, 2019


Des boules de poil roux remontent
avec des restes d'enfant, haut les coeurs
dans ma gorge obstruée.

Mes mains tremblent mais je prendrai
de ses cheveux dans mes nausées, 
de quoi carder de la laine.

J'irai trouver les fuseaux maudits
m'y saigner les doigts sans fée marraine
et m'endormirai pour me relever moi même
en laissant tranquilles les princes
les chevaux blancs de mes bois dormants
pour filer quelque part de longs bouts de soie
en noeuds solides, en étoffes capables.

Je prendrai mon royaume de forêt en reine
l'entourerai de mes écharpes douces
et pendant que la tiédeur endors mes loups
je fermerai les yeux quand il passera
et laisserai mon cou fragile, ma jugulaire
aux soins de mon renard libre
d'y mettre sa truffe ou ses crocs.

vendredi, mars 08, 2019

Tu es aveugle et me regardes
me vois en équilibre, tête haute, agile
mais je suis née funambule au dessus de précipices invisibles
sur lesquels toi, tu marches.

Je ne sais que courir sur les cordes
artiste des fils qui auraient pu me pendre
et tu m'admires grande, les yeux loin devant, debout,
sans voir la peur dans mes iris déterminés
ma gravité contenue, continue, qui tire vers le vide.

Et je persiste, avance tête haute, agile
tu vois ce que tu veux voir, des ailes alors que je tombe
Tes pieds solides, sûrs, foulent une terre ferme vierge de moi.
Le sol s'est dérobé avant que je respire,
il ne connait pas ma substance, et toi non plus; je suis volatile
et je ne sais pas vivre ailleurs que sur le vertige.


Prends-moi de force
et pose ma frayeur
doucement
sur le fil de tes doigts.

lundi, février 25, 2019


Ma respiration siffle aiguë, joyeuse,
dans ma boule de scaphandre faite de savon aérien
et derrière les jolis reflets nacrés, iridescents
des savoirs qui effleurent sensuellesens mes bulles fragiles
doux comme des scalpels froids.

Dans mes boules de cristal, les détonations successives
des métaphores aux alvéoles, tout implose
le liquide visqueux coule sur mon visage, lentement
je manque dair apprivoisé; j’étouffe pour naître.

Pour naître.

Pour voir la beauté dans la musique des râles.

Pour tisser des fils du silence de quoi hurler

et vivre.

mercredi, octobre 31, 2018

Ce que je veux te dire ne peut être confiné dans l'encre des lettres,
dans ces mots définitifs, qu'on plante comme des clous épars sur la réalité.

Ce que je voudrais dire, c'est le blanc, le vide sur cette feuille
la trace invisible de mes mains qui effleurent le papier,
ces choses que je ne sais pas, que je ne veux pas saisir,
ce qui disparaît quand on l'observe, furtif, fragile,
l'espace indéfini, infini, qui se pose sur mon épaule nue
en même temps que tes lèvres.

vendredi, septembre 14, 2018

Photo de Anick D. Rosales.

Refuser cette envie de tuer le temps
lui qui tourne ses aiguilles dans le creux de mon ventre

Et à l'aveuglette, les yeux embués
mettre des bouts de laine colorée
dans le p'tit chas de la trotteuse, qui m'inssiste, s'étourdit.

Se blesser les doigts gelés comme le reste
pour que l'insupportable me tricote au moins
un foulard de fou pour l'hiver
de quoi garder le chaud et le doux
et sécher mon oeil qui n'arrête pas de fuir.

dimanche, juillet 15, 2018

Il y a quelque chose dans tes bras détachés qui me cherchent perdue. Tu me prends sans me serrer doux, m'enferme sans me contenir, et je tombe de toi.

J'ai envie de passer légèrement sur les choses lourdes, de flotter détachée sur les odeurs attachées aux souvenirs.



lundi, octobre 30, 2017

Les ongles comme des ancres fragiles
dans la terre nue
érodée des vents trop forts
les mêmes qui me poussent du bord des herbes
plutôt que des vides,
cet air qui qui nous brise et nous tient.

Les pieds au dessus du rien
décorés de terres ferreuses
et le regard vacant,
j'étudie l'avenir
désinvolte.




samedi, juin 17, 2017

Gyrophares

Je nai pas peur du bleu et du rouge,
juste des sirènes qui chantent
et des gens qui tombent,
des hurlement qui nous noient, du bruit des ombres
pendant que la lumière nous apaise comme une couverture de laine sur le dos des sinistrés.

Les gyrophares silencieux, la scène des après,
comme des images du trauma, chaque fois que cest fini et quon tremble encore.
Sous leurs cloches de verre, le bleu et le rouge s’étourdissent sur fond noir,
stroboscope sur nos vies figées, du bleu doux et incongru
sur nos vies décorées de rubans jaunes

par des policiers.

mardi, janvier 10, 2017

Toutes les pages aux rebords coupants
bleuies d'encres asphyxiées
me lacèrent les doigts

Et quand je les hurle
elles entrent en boules de papiers
dans mon corps.

Echo qui m'enroule
autour de cette douleur vive
encore et encore.


jeudi, décembre 29, 2016


Je voudrais être et rester
sur le feu des lignes invisibles
entre mon corps et le tien.

Risquer la combustion spontanée
pour tracer les cartes du magnétisme
sans te toucher.

Rester là, dans l'espace temps arrêté,
frôler l'idée mais pas ta peau.
Brûler.

Puis que tu m'apaises comme un lac.


lundi, décembre 26, 2016

Essouflements

Ta langue a mon corps à terre
Je m'épuise, frénétique
faisant tomber les perles humides
sur les lattes craquées.

Expirer l'inspiration
Je manque le temps, je me perds
Ma main tremble sur les mots absents
déshonorant les arbres sacrifiés.

Au bout d'eux, de toi, de moi, du souffle.

lundi, novembre 28, 2016

Les pieds en pointe,
sous sa cloche de verre translucide
la musique hésite, grince, ronde et mélancolique.

Elle tourne, ma mère.
Une ballerine de porcelaine, fragile.
s'étourdis doucement, les yeux fermés
sur la pointe des pieds.

Elle tourne. Elle croit qu'elle danse, de tout son corps figé.
s'étourdis doucement, les yeux fermés. Elle y revient.

Le temps en boucle sur elle, lent, lourd.
froideur muséale, parfaite. On entend plus rien
Que le bruit des pas, macabres, des hommes libres.

Elle tourne, s'étourdit, les bras au ciel.

Nausée.






dimanche, octobre 23, 2016

Cette petite chose que j'ai fabriquée dort les yeux entrouverts.
Du bleu en réserve.

Le bruit de la pluie sur les briques du dehors, nous ensemble au chaud.
Le noir lumineux.

Sa petite main endormie sur ma joue.
L'univers drapeau blanc.

samedi, octobre 15, 2016

L'étendue infinie des possibles sans balises dans ma tête, où je me sens souvent perdue, est aussi le seul espace ou je suis encore libre d'être et de tout devenir, enfant et vieille sage, avec l'infini à porté d'effleurements, léger comme une plume.

lundi, octobre 10, 2016

Mes louves a la nuit. Moi avec elles, et nos souffles mêlés
de cette urgence viscérale jusqu'au près de lune
pour vivre et hurler.

Ma meute, l'odeur du sapin, nos gorges vulnérables
nos passions liées, nos yeux fermés
frémir sous la brise d'été.

Nous sommes, et nous sommes soeurs, perdues,
mais nous sommes ensembles au dessus du monde.
Libres.


mercredi, octobre 05, 2016

Mine de rien, je ne sais plus écrire dans les airs de cette nuit d'encre,
gauche, de cette main qui se salit de ce qu'elle trace sur le papier
et qui pourtant, voudrait rejoindre ta nuque, et y dessiner des fougères
des restes de fusain libre du bout de mes doigts.

L'envie de ne pas te regarder les yeux ouverts,
et l'encre qui n'ancre pas sur les envies passagères
clandestines et déjà mortes.

jeudi, septembre 29, 2016

Les échardes de ma propre errance se prennent dans ton hijab ou à tes pantalons élimés, et ce qu'elles creusent en rouge sur ma peau marque l'évidence : je vois tes mots étouffés du trop, parce qu'ils résonnent loin dans mes murs d'exilée.

Et si on continue de rire et de vivre, je sais qu'il n'y a pas de lieu de retour pour couvrir les frissons qui te tremblent le corps, pour rassurer vraiment les enfants réfugiés dans tes entrailles, sans abris et orphelins. Je sais. Les bras du vide serrent sans contenir. La liberté, l'espace et la chance te donnent l'envie de te rouler en boule quand t'as juste besoin de trouver ton port.

Je te chuchote mon envie permanente de hurler, doucement, pour que tu saches que mes yeux sont en face des tiens et que je te vois, toi, qui n'arrive plus à regarder l'horizon, et encore moins le ciel, avec toute ta force.

De l'air et du vent; c'est la liberté qu'on a eu en cadeau tranchant, celle de partir de rien ou de se faire bruler le monde, et celle de tout inventer.

#JeSuisTS #JeSuisAvecToi


Le faucheur

Je ne t'ai jamais attendu. 
J'ai tracé les symboles qui manquaient à la nuit
J'ai couvert de mon keffieh, comme un père,
son petit corps d'enfant inanimé, en silence
dans le sable du désert.

Mon frère est une sentinelle de l'invisible.

Tu sais, il t'attendait, petit, devant la grande fenêtre
le regard au loin, confiant, prêt à être brisé, 
et tu l'as laissé là, à attraper le froid des nuits du Ténéré
à en construire sa folie de sable, pendant des heures
jusqu'à ne plus voir le réel.

Il parle encore de toi quand il se perds dans son délire.

Tu veux me voir, alors tu me vois
Je suis celle qui étais là, et qui reste
le feu, la lampe, la nuit allumée
Et je te murmure la pluie, la plaie
dans une hautaine et frondeuse indifférence, papa.

Non, je ne te dois rien, et non, je ne veux pas te voir. 

jeudi, septembre 08, 2016

Ce temps qui ralentis et alors que je suis happée, helpless, par ma singularité, si pleine d'énergie, masse compacte, nous sommes plusieurs à exister dans l'univers comme des trous noirs, à avoir en nous des masses denses qui happent la lumière, qui crachent, mystifient, relativisent le temps à le rendre parfois insupportable, fascinent. Rien de tangible, surtout pas les certitudes et encore moins l'amour. Derrière l'horizon des événements, l'espace temps est distordu et rien n'est plus explicable. Et je suis vivante et je le hurle sans écho. Et j'aime.

Et j'ai mal. C'est l'espace qui nous manque. Une densité faible, qui respire mieux. De quoi ne pas être en boule, de son coeur à son corps. Et pourtant, je respire, du big bang au big crunch, toujours en mouvement.

Et j'ai froid. Et encore, l'essence est là, compacte dans le noir, et naissent les univers insaisissables et magnifiques. Se deviner dans le ciel sombre, comme une petite fenêtre sur tout ce qui a une probabilité d'existence. J'existe même quand je doute, peut être, mais l'univers noir, il brille.

Et je brûle. Et de toute mon insignifiance dans l'ensemble, j'existe dense, et j'oublie de quoi je suis faite, et j'inssiste pour briser en mon coeur toutes les règles. Je crée, j'invente, je flotte, perdue mais les deux pieds plantés sur la terre, le vide et le plein au centre de soi, alors que tout se répète dans toutes les dimensions, de l'inimaginablement élémentaire à l'insaisissable vaste, et que tout se lie.

J'ai vu les dimensions et la relativité de l'espace temps. Je les ressens dans la tensions sur mes cicatrices, ces histoire du monde et des gens, impossible à dire, stucked.

J'ai tout vu, et je ne sais rien: ta douleur, ta lumière, la mienne. Je suis une probabilité qui croit qu'elle existe, juste à coté de toi, ici et ailleurs en même temps, trop lucide pour avoir des certitudes mais consciente que l'instant est ce qu'on peut saisir de plus précieux.

Je suis là quand même, peut-être, de tout ce que je peux, de tout ce que je crois, à créer le sens à défaut de le trouver, à saisir ce qui lie, à revendiquer l'impossible.







mardi, août 30, 2016

Mon oreille sur sa poitrine métronome, à l'instant où ses doigts jouent de ma peau, nouent mon ventre et mêlent les cordes de mon cerveau...

... je retrouve un répertoire oublié de bouts de notes entrevechées et l'envie, peut-être, de lui faire aimer les rythmes de la pluie.



mercredi, août 10, 2016

Il faut habituer nos pupilles à la nuit. Voir. Résister.

Poussières en feu, chute libre toute en lumière: l'idée de ses lèvres me perséide le corps, mais il se trace filant dans ma nuit, brisé.

Fais un voeu pour moi. J'ai fermé les yeux.

I'm sorry.

mercredi, juin 15, 2016

S'acharner à aimer la pluie, l'hiver, les tempêtes,
pour le temps qu'elles expandent,
pour le silence, le monde à soi et le froid.

Le froid. Ce qu'on connait le mieux.

Les guerrières n'en finissent plus de frissonner.


L'asphalte mouillée sur tous les km ou on a roulé, loin, jusqu'à l'essence des souvenirs qui perlaient mes doigts de la sueur de ta nuque.

Je suis seule, paisible, les sens forcés ouverts de pluies fébriles, d'odeurs marines, entre le ciel et la mer qui s'apaisent, s'entrechoquent et me mêlent, indifférents au reste du monde éclaboussé.

Les humains ouvrent leurs écrans noirs, éteints, au dessus de leur tête et parent la pluie dont je veux m'emparer, liquéfiée, mes pieds à contre courant vers le fleuve.
Le soleil orange se perd dans l'eau et moi, dans les souvenirs.
Inspirer le salin en chiquant la salicorne.
Revenir. Écrire la paix, un bout, sur un bout de serviette déchirée, avec des tout p'tits mots.

Vider dans l'horizon le temps de ses urgences.

Superpositions translucides. On a changé et le ciel est resté le même, impassible à nos explosions, à notre permanence. L'histoire du monde dans l'immobile, la nôtre toute idem. Du vent dans mon foulard rouge préféré, celui des luttes, souvent lassé autour de mon cou.
Il vole insouciant au vent marin, léger.

Mes pieds dans le sable, je suis enracinée dans tout ce qui importe: rien du tout.

Liberté.
Avoir assez vécu
découvert aimé fui senti souffert joui respiré
pour posséder le privilège profond
celui de revenir, de creuser, de comprendre
du superposer les images.

Toucher l'infini
et habiter le silence
le profond dans les solitudes qui se fondent.

mercredi, décembre 09, 2015

La moitié du temps qui prends toute la place, cette boule noire, chiffonée, dans le ventre, à la place que tu prenais avant, là où il n'y a plus rien d'autre, le vide jusque dans ma main inutile, la moitié du temps qui ne respecte pas ses frontières, la moitié de coeur qui manque, l'autre qui saigne. Je n'arrive pas à me mettre assez en boule pour disparaitre la tristesse, à me boucher les oreilles assez fort pour ne plus entendre pulser la douleur.

J'ai donné la vie, mis un peu de la mienne dans la tienne, puis elle s'en va trop vite, trop longtemps, pour me punir de ne pas avoir su aimer ton père.


lundi, septembre 14, 2015

Je ferme les yeux mais je ne m’endors pas.
Je tremble mais je n’ai pas froid.
Tu me vois jusqu’aux petites choses fragiles
Mon âme recroquevillée ne peut pas te toucher,
ne peut pas ne pas te toucher.

Frémir de désir, trembler, frissonner de peur
du bordel épidermique sur mon trouble viscéral.

Mon sang pulsé de vie, propulsé dans mes failles, doucement mon pouls panique. Et je regarde devant comme si je n’étais pas en train de me liquéfier.

Te regarder, te voir. 
Respirer la douceur et le feu dans l’espace qui s’ouvre.
Sentir mon sang qui fuit sous mes deux mains crispées
sur ce qui refuse de coaguler.

De la vie toute rouge coule sur mon corps, malgré moi. Je ne savais pas avant d’ouvrir les yeux sur toi. Je ne savais pas.
Avoir froid aux yeux ouverts. 

Je veux me penser de bandages doux avant de me mettre à l'air libre, pour ne pas te salir de mes veines ouvertes.
Arracher le morceau de verre planté dans ma confiance pour en faire un autre prisme et prendre tous le soleil.


mardi, septembre 08, 2015

C'est pas grand chose,
des couleurs qui se cognent dans mon ventre parce que, mes deux pieds hésitant devant ton précipice, mes papillons claustrophobes voient tes espaces à explorer. C'est mourir d'envie de vivre d'envies dont on est jamais mort, un peu.

C'est pas grand chose, et ça ne veut rien dire mais,
j'ai désappris l'enivrante chute libre, parce que la blessure du plein quand le reste est trop vide, et pourtant, je sens leurs ailes se réveiller, et j'ai eu envie du vent, et j'ai envie du vide comme une piste plutôt qu'un prélude à tomber.

Ça n'est pas grand chose, et ça ne veut vraiment rien dire parce que
je ne connais pas tes frontières, ton climat, ce qui pousse et vit chez toi, mais ton parfum fait vibrer mes petites ailes de papier de soie, celles qu'on est supposées dompter avec l'âge, comme si la candeur n'était pas l'essence de la vie plutôt que de l'existence.

Pas grand chose, donc.
Mais c'était devant toi.







samedi, août 08, 2015

Overload

Chercher ses mots comme son air alors que tout déboule, qu'on existe trop pour sentir la douceur des pauses du souffle.
S'inspirer, s'inspirer, s'inspirer, expirer de justesse, avant d'exploser, perdre le rythme et pourtant vivre tellement.
Haleter et se souvenir de ces moments ou l'orgasme le réclamait, rechercher la cadence et surtout, le vide qui inspire les mots, le vide qui exige.
Lost, les poumons qui brulent.
L'air.

Dans la frénésie, je veux du manque. Et par dessus, les parfums.
Des mots, du vent, du temps, et me poser sur balancier lent des contradictions.


lundi, mars 02, 2015

Essoufflements,
l'air de nos possibles sur moi
Je suis ailleurs, j'entends le vent.
Tu respires et je te respire.

Cadence forcée et ton visage qui me rape
ton sang chaud glace mon sang libre
tes canines appuyées sur ma lèvre endormie
Je retiens mes soupirs. J'expire.

Tu cours ailleurs, je crois,
longue foulée sans but, je crois,
et je ne crois en rien, je crois.
Je ne crois en rien. J'inspire.

Je n'entend plus rien, à moins que tu ne me le souffle
Mais tu cours.
J'expire. J'inspire,
le feu aux poumons et à ton corps.



lundi, février 09, 2015

Aimer les fleurs

Je suis oiseau enraciné, les deux pieds dans la terre,
dans une cage à ciel ouvert.
Sentir le vent. Tout entendre. Respirer.

Respirer.
Prendre en soi l'air qu'on voudrait sous nos ailes.
et ce ciel encore au dessus de nos têtes, de nos plumes
celles qu'on a perdu, celles qui nous sont restées fidèles.

Plumes amoureuses d'une petite fleur.
La regarder grandir, comprendre l'amour de toute son âme,
taire ce corps qui brûle de voler, de l'emmener voir le monde.

Le ciel n'est pas assez grand, de toute façon
pour rendre hommage à la liberté
mes ailes qui tremblent choisissent de rester près d'elle
de la protéger du vent, du soleil, et des pluies
jusqu'à ce qu'ils l'emmène.

Voler dans ma tête, seul infini réel, à m'étourdir dans les coins.
Aimer le ciel et les fleurs, de toutes ses plumes,
celles qu'on perds et celles qui nous restent fidèles.


lundi, décembre 29, 2014

Black hole

Derrière l’horizon des événements, je brûle
La rage compacte, la tristesse noire,
la lumière qui se fait avaler.
Tellement d’énergie que tout est englouti, déformé
Perdue au centre de l’infinitude, sans formules pour me calculer.
Invisible.

Se décaler vers le rouge, rayonner en s’évaporant
entourée de planètes qui brulent en ne pouvant pas s'empêcher d'être magnifiques, elles.
Avoir encore besoin de l'univers pour planter son impression d'être.
À 32 ans, dans la relativité des âges, minuscule.
Puis aller vomir, et voir tout partir dans l'ellipse des toilettes. Du tangible. Merci.

Ça brille dans le noir et le ciel est clair. Les perles évaporées se perdent sans gravité. 
Invisibles.

dimanche, octobre 26, 2014

Le bruit du verre qui casse, libre.
Un prisme de lumière éparpillée.

Une larme de sang coule. C'est qu'on était vivant.
C'est qu'on l'est encore, j'imagine.

De la lumière et le sombre des fluides qui viennent la border.
On vit, on aime, on s'explose.

Ravaler du sel.

On l'est encore, vivants,
le coeur battu qui bat quand même.

Se relever. Vertige essouflé
Un arc en ciel sur un bout de verre tâché. De quoi continuer.

Le bruit du verre qui casse, libre. Un prisme de lumière éparpillée.




samedi, août 16, 2014

Furtif. Un petit battement de cœur attendris déboule en silence sur nos lignes trop parallèles.

Laisser un soupir ici, pour ces deux traits qui ne se toucheront jamais.


Petite déception qui ne fera pas les lignes du journaliste.

jeudi, août 07, 2014

Faire des boites, alors que tout tremble.

Faire le tri de ses souvenirs, des fragments des jours passés:
des vieilles photos intactes, le coeur qui déchire
des carnets plein de mots des jours fluides, comme ce qui mouille les yeux.

Alléger la boite des souvenirs, le coeur lourd:

Nostalgie: Avoir capturé l'image du bonheur vidé, avoir mal de ne plus posséder l'instant, sentir les possibles avortés, se rouler dans la conscience. Fumées.
C'est une poussée de rage de vivre, aussi., nourrie de conscience que le bonheur qu'on a maintenant fera un jour aussi mal que ces mots et ces visages immortels et égarés.

Mourir sera insupportable d'avoir été aussi heureux. Au moins, on meurt un peu parfois en train de vivre, comme pour se préparer. Au moins, il y a aujourd'hui, pis tout ce que je ne regretterai jamais parce que ça me déchire les entrailles au présent, et malgré tout, toute cette beauté.

Refermer la boite jusqu'au prochain séisme, alors que mes terres humides tremblent encore.

mercredi, décembre 04, 2013

Pendant que ma fille sourit à ses aquarelles, recouvrir mes cahiers de trainées d’encres sombres du creux des yeux, droit sur la déchirure du papier tellement glacé. Mine de rien, surtout.

Ça fait mal partout, juste de se tenir debout, et de craindre à chaque moment de se liquéfier, de devenir une tâche d'encre incompréhensible pour des petits yeux, sur les tuiles.

2013 aura tout gribouillé : coup de ciseaux violent au milieu des couvertures qu'on ne lira plus, où mon coeur était réfugié, trainée noire ou rouge, peu importe, je ne vois plus, les yeux fermés de toute mes forces. Je ne sens que les pulsations insistantes de mon coeur toujours vivant qui n'a pas compris qu'il se vide.

Reste l'innocence des aquarelles de toute couleurs, et l'idée qu'on peut tout réparer avec du papier collant. Se forcer à voir et à croire.

dimanche, octobre 20, 2013

Se sentir vidée de son sang, de force, et vomir ce qui reste.
Dessiner dans la cadavérine rouge, la mienne.
Me voir dans tes yeux rougis, désertée.
La petite aiguille continue de tourner, le tic tiac énervant
qui fait craindre l’absolu silence...



Se voir d’en haut.


C'est du souvenir que l'on souffre, de loin, de trop loin,
de n'entendre même dans l'écho de soi que le silence,
de sentir le froid cadavérique sur nous, sous le ciel déchiré. 
Impuissance invétérée, éviscérée d'espoir comme un vieux squelette,
et ce puissant silence qui me lacère les oreilles...


Se voir d'en haut. Ensemble, de part et d'autre, mélangés de nos larmes. Ne plus pouvoir hurler de douleur.

Et se voir bouger encore, sous la lumière de la lune.

mercredi, septembre 25, 2013

Partir, et naître.

Les mots manquent dans le jour qui s’efface, dans l‘hésitation de la lumière qui dit au revoir aux choses avec douceur, avant de les quitter, incapable de partir, de savoir devoir aimer de derrière la lune pleine, de bien trop

Le chemin est une voie lactée : rien du tout, immense, crachant la lucidité de se savoir perdu dans l’infinitude pourtant finie.

Les étoiles explosent de partout. Et dans ce cimetière, tu nais.

Ce qui meurt sans permission, ce qui refuse de ne pas naitre; je ne contrôle rien, les oreilles bouchées, fragile dans l’instant.

Mon propre cri se mêle à celui de la douceur qui vient au monde: son premier hurlement est une prise d’air qui renverse le sens des choses, la puissance impossible à taire. Et je la prends, pleine de mon sang, chaude, sortie de moi : liberté parfaite, bien qu’un peu bleue. Je l’aime tout de suite, émue, en me vidant de mon sang.

Mourir de l’envie silencieuse que tu me blotisses, tremblante, au fond de toi, pour un instant infini,

juste pour faire passer la douleur et la solitude de cette naissance, si belle au fond.

jeudi, septembre 05, 2013

Traversée

Arrivée sur la mer, de la nécessité d'être aussi perdue sur la carte qu'ailleurs, que de l'intérieur.

Retrouver la cohérence, se décontextualiser pour mieux retrouver la permanence de soi et du monde, l'essence. Tempête. Je roule, j'oublie, me souviens.

Le ciel se déchire. Ça résonne de l'intérieur. La pluie bat comme des larmes. Douceur. C'est trouble dans les yeux. Attendre, dans le silence qui laisse toute la place à la turbulence des pensées. Les éclairs dehors relient la douceur du paysage et les larmes enragées du ciel. Tentative de l'électriser. 

Mer remuée, se tordant de dessus et de dessous. Ma voiture est un lounge panoramique en attendant la traversée. La destination n'est qu'une excuse. On ne sait pas où on va, mais on en revient pas pareil.
Ça parle d'espoir, ça parle du monde. Ça parle d'amour.

mercredi, août 14, 2013

Manquer

Caresse l'horizon de la nuit, cherche le coeur de jais que l'aube recouvre de chair. 

Il mettrait dans tes yeux des pensées innocentes, des flammes, des ailes et des verdures que le soleil n'inventa pas. 

Ce n est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance. 

-Paul Eluard

dimanche, juillet 07, 2013

Exister

"Pour exister, il faut autour de soi des réalités qui durent"
(St-Ex)

mardi, mai 28, 2013

Addict

Depuis hier, je n'ai qu'une envie, qu'une obsession, aller là-bas pour me faire un fix. Au premier pied dans la lumière hésitante et trop blanche, cette odeur noire familière m'a prise le corps soulagé, et j'ai poussé mon espoir fébrile jusque dans un coin, pour me rouler l'âme en paix dans une ligne qui me réveillerait les couleurs.

Mais l'encre était ventée et les mots usées, et ma main tremble du manque des mots plumes qui l'obsèdent mais quelle ne sait pas écrire.

samedi, février 23, 2013

Les vides

Le monde dans ces yeux là, l'innocence qui vous souffle comme une bombe,
juste une incongruité après les massacres, entre les bandages et les décombres; ce que le mal n'a pu prendre de toi.
Le monde aurait du s'arrêter de tourner mais il a voulu s'étourdir jusqu'à oublier que c'est le vide de nos âmes qui permet le vide de tes mains.

L'impuissante

Je vois le sillon de tes larmes invisibles hurler ta rage 
si refoulée que tu en trembles, 
tout le temps.
C'est un désert de vide épais et lourd,
c'est un chemin qui te brule la peau
et tu dors dans des oasis pires que le réel.

Tu es grand à disparaitre, tu ne peux que rêver de l'un comme de l'autre.
Mon frère...

L'impuissance me piétine le corps à terre,
et je voudrais vomir ta vie sur ceux qui te laissent mourir.
Mais ton monde est trop loin du mien.






mercredi, novembre 28, 2012

Sommeil trouble

Il y a des nuits où le corps se réveille en suffoquant, secoué immobile par le parfum lourd et insistant d'un autre soi qui continue de flotter dans l'air, celui d'autrefois, une tombe ouverte dont le contenu vous saute à la gorge et vous remmène dans les détails d'une époque poussiéreuse, à la merci de cet hier qui continue de vivre autonome loin du présent sans consentement, de ces monstres jadis trop forts pour être éliminés et qui continuent à habiter les recoins saignants de mes souvenirs refoulés. Sommeil trouble, souvenirs imprécis, mais j'émerge à chaque fois du fond.

samedi, octobre 13, 2012

Anatomie du trouble


Devenons tout ce qu’on n’a pas su être
Un bruit de cœur qui flanche
Le feu des joues inondées
L’œil insoutenable,
Tous les possibles au bout des doigts.
Magnetisme.

… ose